Irrévérence se déroule dans une organisation internationale, à Rome, au début des années 2000.
Les pays, les idéologies, les fonctionnaires et les lobbies s’espionnent. Ils se frottent les uns aux autres, se méprisent ou se haïssent, se narguent, se snobent, se jouent des tours pendables. Ils emploient parfois, dicrètement, des procédés criminels.
La bêtise et le génie hantent les couloirs – et les esprits.
Les individus font carrière, et se plient, ou bien meurent, ou bien encore sont évincés : la diplomatie impose ses compromis, ses espoirs et ses angoisses, atroces, despotiques, pitoyables.
Un fonctionnaire lambda craint d’être dénoncé pour harcèlement sexuel, et pour se changer les idées abuse de ses privilèges dans un supermarché hors taxe de luxe. Un gardien, pendant sa ronde de nuit, déniche deux éminents experts internationaux coupables de travailler à des heures indues. Le directeur général, surnommé le Pharaon, inaugure une statue antique offerte par l’Italie lors d’une cérémonie diplomatique. Son chef de cabinet lui annonce que les USA refusent de payer leur quote-part du budget et menacent de se retirer de l’organisation après que la Palestine ait été admise comme État observateur. Le Pharaon en fait un cauchemar et se ridiculise lors d’une audience avec le Pape.
L’ambassadrice américaine auprès des organisations internationales à Rome – surnommée Pitbull-Panzer – met en place un groupe de pression anglo-saxon pour imposer les politiques de Washington. L’ambassadeur du Brésil peste contre le colonialisme indécrottable qui imprègne tous les rouages des organismes internationaux. Il s’épanche auprès d’une amie féministe radicale – une vétérane de la Society for Cutting Up Men – qui expie ses excès de jeunesse dans un ennui professionnel pathétique.
Deux éminents experts sont porteurs de projets jugés dangereux par Washington. Ils sont Nobélisables, leurs recherches sont très novatrices. L’un des deux meurt de surmenage et fait l’objet d’hommages appuyés de ses collègues, et d’obsèques solennelles au cimetière non-catholique de Rome. L’autre quant à lui est ciblé par une cabale qu’orchestre Pitbull-Panzer. Son ordinateur est piraté et ses recherches sont dénoncées en session plénière de l’Assemblée générale par la clique anglo-saxonne : incident diplomatique.
De noirs nuages s’accumulent au-dessus du destin de l’expert survivant. Pitbull-Panzer fait un chantage financier au Pharaon pour qu’il expulse ce dangereux communiste de l’agence. Et elle invite à Rome cinq tycoons de la Silicon Valley, pour qu’ils s’associent à une « Campagne mondiale pour libérer l’humanité de la faim ».
Irrévérence propose une initiation ironique à l’univers de l’Hotmo Sapiens onusiensis. Chacun y gère ses devoirs vaille que vaille, au gré des aléas de la bureaucratie et des circonstances géopolitiques, fétu de paille sur les vagues de la tempête de l’Histoire. La caste des fonctionnaires internationaux en prend pour son grade, et mythe de l’Onu s’effrite.